musée de l’accident – bouteilles à la mer
Rade de La Rochelle – France – 3 avril 2021
Venise – Italie – 18 novembre 2021
Photos © Virginie Segonne, Sophie Virilio
Exposer l’accident, c’est donc exposer l’invraisemblable, exposer l’inhabituel et pourtant l’inévitable.
Paul Virilio
Par essence, le Musée de l’Accident imaginé par Paul Virilio n’est pas un musée comme les autres.
À l’opposé du musée « conservateur », il doit être l’espace architectural de l’inhabituel, de l’invraisemblable, de l’impromptu, comme le proclame son Manifeste.
Symboles de cet inattendu, deux bouteilles sont jetées à la mer, préfigurant le Musée de l’Accident par un geste artistique à la destinée imprévisible. Ces bouteilles à la mer – arches ou navires – sont porteuses d’une première esquisse du Musée de l’Accident Paul Virilio.
Le 2 avril 2021, les 2e Rencontres autour de la Géopolitique de l’Accident s’achèvent, Sophie Virilio, Hala Wardé et Charles Debord roulent l’esquisse dessinée par l’architecte franco-libanaise et la glisse dans la bouteille. Cette première bouteille (une idée de Virginie Segonne) contenant l’esquisse (voir texte ci-dessous) est larguée le 3 avril 2012 depuis Harmony, un catamaran Inter-Iles, dans la rade de La Rochelle, en point d’orgue des Rencontres Paul Virilio.
Un geste qui accompagne celui de la mise à l’eau de la première pierre du Musée.
Au hasard des courants, la première bouteille rejoint la Rade des Basques, longe l’ile d’Aix puis
la Pointe de la Fumée avant de toucher au rivage le 2 aout 2021 sur la petite plage du Port Nord, près de l’école de voile de Fouras (Charente-Maritime) où une petite fille Cloé, 10 ans, la découvre.
Une seconde bouteille est jetée d’une gondole de l’association nautique Reale Società Canottieri Bucintoro par Hala Wardé et Virginie Segonne dans la lagune de Venise, non loin de la Punta della Dogana, le 18 novembre 2021 alors que la 17e Biennale d’architecture s’achève. Elle contient cette même esquisse complétée du Manifeste du Musée de l’Accident écrit par Sophie Virilio.
À ce jour, la seconde bouteille n’a pas été retrouvée.
« Quand on m’a demandé de préparer une esquisse pour l’enfermer dans une bouteille et la jeter à la mer à l’occasion de cet événement, j’étais bien embarrassée, » déclare l’architecte Hala Wardé. « Le projet n’en était qu’à son premier stade d’une longue gestation, et j’ai naturellement pensé que la meilleure chose à faire était de montrer une radiographie de mon cerveau à l’intérieur duquel elle avait commencé à se former, ou plutôt se formuler, cette idée du Musée de l’Accident. Grâce à des logiciels sophistiqués et algorithmes pointus, nous avons produit cette première « impression », ou plutôt « révélation ». On y voit des mots, des dessins et des images, qui s’entremêlent et se superposent à la manière d’un palimpseste, un peu mystérieux. Les mots sont ceux de Paul Virilio, formules percutantes et prémonitoires annonçant l’accident et son futur musée. …/… Mille questions restent en suspens, et tout le monde veut savoir à l’avance où va s’implanter ce musée de l’Accident, ce qu’il va contenir, et enfin, à quoi va ressembler son architecture. Il est évidemment trop tôt pour y répondre. Ce qui est sûr, c’est qu’il échappera à tous les lieux communs, et qu’à la fois son contenu et son contenant vont surprendre.»
