Remembering Landscape

« La quotidienneté balnéaire disparaissait, l’espace que j’inventoriais alors en prenant relevés et mesures des différents types de casemates était celui d’une autre histoire que celle du moment du voyage ; et le conflit que je percevais entre l’été des bains de mer et celui des combats n’allait jamais cesser : pour moi, l’organisation de l’espace irait de pair avec les manifestations du temps. » Cet extrait de « Bunker archéologie », où Paul Virilio évoque sa rencontre avec les blockhaus du Mur de l’Atlantique, résonne intimement avec le sujet central de Remembering Landscape (Un paysage qui se souvient).
Dans cette exposition itinérante imaginée par Eva Schmidt, directrice du Museum für Gegenwartskunst Siegen et Kai Vöckler, 25 artistes et groupes d’artistes donnent la parole au paysage en créant des images entre fiction, symbolisme et documentation. Qu’est-ce que le paysage aujourd’hui ? Par opposition à l’idéal esthétique des espaces naturels, agricoles ou d’habitat, les paysages modernes apparaissent comme des « non lieux ». Ils portent les traces de l’intervention industrielle, de l’évolution des frontières, du déplacement des populations, des guerres et de l’exploitation minière. Ce qui reste, c’est un vestige de la nature, dans lequel des ruines témoignent d’évènements historiques. Quoi de plus juste pour qualifier les 30 photographies en noir et blanc et les objets (cartes d’état-major annotées, revues, croquis…) de Paul Virilio qui figurent dans cette exposition ?  C.F.